Le Guide de l'épargne - Partie 2 / 4

Finances personnelles : les 4 concepts financiers à maîtriser

Les 4 concepts financiers suivants vous seront indispensables si vous voulez gérer correctement vos finances personnelles. N’hésitez pas à passer sur ceux que vous maitriser et à vous attarder sur ceux que vous connaissez moins. L’équipe de Graine d’investisseur sera ravie de répondre à vos questions posées en commentaires en bas de page.

1. Capitalisation ou composition des intérêts

Sur une année, une différence de 1 % de taux ne paraît pas si importante. Cependant, le concept des intérêts composés permet de comprendre qu’au long terme, cette légère différence annuelle devient significative.

Pour doubler son investissement de départ, la règle est de diviser 72 par le taux de rendement moyen attendu. Exemple : 3 % de rendement par an => 72 / 3 => 24 ans pour doubler sa mise.

2. Rendement / risque (+ liquidité)

Écart-type / Volatilité de l’action Renault : 21 %
Écart-type / Volatilité de l’obligation Airbus : 3,3 %

La notion rendement vs risque est clé pour vos finances personnelles. De manière générale, plus le risque d’un placement est élevé, plus le rendement espéré (= performance attendue) permettant de venir compenser ce risque doit être important. Le risque d’un actif dépendant de plusieurs facteurs. Une façon d’estimer ce risque est de regarder sa volatilité, pour se faire nous calculerons son écart-type.

Volatilité, explication par l’exemple :

  • L’actif n°1 correspond à une action, par exemple l’action Renault. On voit que le prix fluctue de façon importante. La volatilité – et donc le risque – sont importants
  • L’actif n°2 correspond à une obligation, par exemple l’obligation Airbus payant un montant régulier autour de 2% par an. La volatilité – et donc le risque – sont plus faibles

Ecart-type, explication par l’exemple :

  • Les rendements d’une action ont été de 7 % en 2018, -5 % en 2019, et 22 % en 2020
  • La moyenne x des rendements passés est de Formule Ecart-type 1 : x=(+7%-5%+22%)/3=8%
  • Et son écart-type s est deFormule Ecart-type 2 : s^2=(〖(7-8)〗^2+〖(-5-8)〗^2+〖(22-8)〗^2)/3= 366/3=122
    Formule Ecart-type 3 : s=√122=11 %

Une troisième notion à comprendre est la liquidité. Celle-ci correspond à la faculté d’acheter ou de vendre facilement un actif sur le marché. Par exemple une action a généralement une très bonne liquidité, car il est possible de la vendre dans la seconde sur un marché en temps-réel. A contrario, un appartement est un actif peu liquide (illiquide) car un achat ou une vente mettent souvent plusieurs mois à se conclure.

Il est important de prendre cet aspect en considération dans votre allocation d’actifs. En effet, il ne faut pas investir de l’argent dont vous auriez besoin à court terme dans un actif peu liquide.

3. Les classes d'actifs

Performance cumulée sur 30 ans (1988 – 2018)
Source Le Revenu

Catégorisation ou classification des différents actifs ou objets d’investissements, en regroupant les actifs ayant des caractéristiques similaires. Il n’existe pas de norme. Ainsi chaque personne ou entreprise peut définir sa classification propre (voir wikipedia en anglais). Ci-dessous un exemple de catégorisation et sous-catégorisation adapté à vos finances personnelles :

1 – Compte et livrets : Livret A, PEL (Plan Épargne Logement), PER (Plan Épargne Retraite), etc.

2 – L’immobilier : résidence principale, immobilier locatif, immobilier papier (SCPI, SCI, OPCI, etc.)

3 – Produits de bourse :

  • Les actions : titres de propriété côtés en bourse d’une entreprise pouvant ou non payer des dividendes
  • Les produits de taux : crédits ou obligations d’état / d’entreprise, obligations convertibles, etc.
  • Les devises ou forex : taux de change euro/dollars par exemple
  • Les produits dérivés : futures, options, warrants et autres, basés sur un sous-jacent d’un produit d’une des 3 catégories précédentes. Ceux-ci permettent par exemple d’avoir des effets de levier et d’investir à la baisse. Les produits dérivés s’appliquent aussi à la catégorie matière première.

4 – Les fonds (OPCVM / FIA / trackers / fonds euros) : un fonds est un portefeuille qui regroupe plusieurs produits de bourse vus ci-dessus ou de parts de Private Equity ci-dessous. Il en existe pour tous les gouts et de toutes les sortes. Du sans risque au très risqué, de toutes les tailles, du spécialisé au généraliste, du très simple à l’extrêmement complexe, etc. La première sous catégorisation qui est généralement ensuite faite est entre les fonds actifs, pour lesquels des assets managers sélectionnent les produits en suivant différentes stratégies, et les fonds passifs, qui eux répliquent automatiquement un indice boursier.

5 – Les produits « alternatifs »

  • Le Private Equity ou capital-investissement : investissement direct dans les premières années d’une société non cotée. Plusieurs sous-phases sont ensuite utilisées (seed, venture capital, expansion, pre-IPO)
  • Les FCPI / FIP : les Fonds Commun de Placement dans l’Innovation (FCPI) et les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) sont des fonds d’investissement indirect dans des PME européennes (souvent des sociétés non cotées)
  • La crypto-monnaie : la crypto-monnaie la plus connue est le Bitcoin mais il en existe des centaines d’autres (Etherum, Litcoin, etc.)
  • Autres : Girardin Industriel, groupement foncier (forêt), SOFICA (Cinématographique et Audiovisuelle), les collections d’arts, de vins, etc.

6 – Les matières premières: les céréales, le café, les métaux (dont les métaux précieux), etc.

Si nous prenons le temps de toutes les présenter, c’est parce que nous aurons à répondre en partie 3 à la question : quelles classes d’actifs privilégier pour mes finances personnelles? Malheureusement il n’y a pas de réponse toute faite à cette question (on parle de stratégie d’allocation d’actifs). En début de section et ci-dessous, vous trouverez quelques performances de ces classes d’actifs sur différentes périodes. Pour une vision complète, rendez-vous sur notre outil de cartographie des classes d’actifs.

Évolution Performance par année sur 40 ans (1976 – 2016)
Source IEIF : Etude 40 ans de placements comparés

4. Prix d'un actif : 50% pensent que ça va monter, 50% que ça va baisser ou "Personne ne peut prédire le futur"

Le prix d’un actif dépend de nombreux facteurs, mais les deux paramètres principaux sont

  • La valorisation future attendue en moyenne par les autres investisseurs
  • Le nombre de personnes souhaitant acheter l’actif vs le nombre de personnes cherchant à vendre l’actif

Le prix d’un actif dépend donc de la loi de l’offre et de la demande. Si un actif est considéré comme sous-évalué, les gens achèteront ce produit et son prix augmentera. Inversement si celui-ci est considéré comme sur-évalué. Cela est le cas de la majorité des marchés qui sont donc qualifiés d’efficient. Nous pouvons donc considérer que si un actif a un prix donné, c’est que 50% du marché pense que l’actif est sous-évalué, et 50% que l’actif est surévalué. Imaginons que vous puissiez être sûr à 100% de l’augmentation ou de la baisse d’un actif à une date précise dans le futur. Vous pourriez alors acheter un produit dérivé avec effet de levier et multiplier la somme investie par x10, x20 ou x50 (voir exemple 4). Certains font plus souvent de bonnes analyses et prédictions que d’autres mais personne n’est jamais sûr à 100%.

Ce point est fondamental et pour être sûr de bien le maitriser nous allons prendre plusieurs exemples :

Début 2020, 1 euro s’échangeait contre 1,11 dollars américains. A cette période, Goldman Sachs a sorti un papier extrêmement détaillé de plusieurs centaines de pages annonçant la forte probabilité d’une parité euro / dollars pour fin 2020 (1 euro = 1 dollar). En décembre 2020, l’euro s’échangeait aux alentours de 1,21 dollars. L’évolution a donc été complètement contraire de ce que prédisait Goldman.

Warren Buffet est connu pour avoir eu des rendements excellents (supérieur à 10% par an) et particulièrement peu volatiles pendant plusieurs années, avec son fonds « Berkshire Hathaway ». En 2019/2020, celui-ci investit massivement dans les compagnies Aériennes. Celles-ci seront fortement impactées par la crise du covid-19 (-50% en moyenne) et le fonds subira des pertes. Ces pertes seront finalement compensées par d’autres bons investissements et le fonds aura tout de même un rendement positif en 2020.

Un ami m’a dit un jour que son conseiller en finances personnelles lui avait affirmé d’un ton assuré d’attendre quelques semaines avant d’investir en bourse car les prix allaient baisser. Cela m’a étonné de la part d’un (soi-disant) professionnel. En effet, il n’est bien évidemment pas possible de prévoir avec certitude l’évolution des bourses mondiales. Il est possible d’avoir un avis / une conviction personnelle sur la question. Il est également possible d’essayer de trouver une porte d’entrée adéquate et d’attendre lorsqu’on considère qu’un actif ou un indice est surévalué. Néanmoins il est absolument impossible d’affirmer une baisse ou une hausse à une date précise.

 

Gaëlle est directrice financière d’une moyenne entreprise ABC côtée en bourse. Benoît apprend par Gaëlle, sa compagne, qu’une compagnie allemande souhaite prochainement racheter ABC. Benoît achète sur Boursorama 10 000 € d’un warrant avec effet de levier X30 sur ABC. Lorsque l’information sort dans la presse 3 jours plus tard, l’action d’ABC augmente de 7% dans la journée et Benoît a donc gagné 20 100 € (7% x 30 = 210%). Cette pratique de trader sur la base d’information interne encore non public est appelée un délit d’initié (ou Insider trading). Celle-ci est bien entendue interdite et sévèrement scrutée et punie par les organes de régulations comme l’AMF (Agence des Marchés Financiers) en France.

En gestion active de portefeuille, l’objectif des gérants est souvent de surperformer un indice de référence. Sachant qu’on ne peut pas tout le temps avoir juste, l’idée sous-jacente est de prendre des bonnes décisions dans 55% à 60% des cas. Pour se faire, les gérants s’appuient sur le travail d’analystes financiers. Ces derniers essayent d’estimer un prix le plus juste par rapports aux caractéristiques intrinsèques de l’entreprise ou du produit, pour ensuite émettre une opinion d’achat, de conservation ou de vente du titre. Cependant, on remarque que peu de fonds en gestion active arrivent à réellement surperformer leurs benchmarks. Si on prend en compte les frais supplémentaires dus à la rémunération des analystes et gérants, les performances moyennes sont mêmes plus faibles. Cela prouve bien la difficulté de la tâche, même par des experts dans le domaine.

Vous pouvez juste avoir au mieux une forte conviction, ou sinon un avis ou une intuition c’est tout, jamais de certitude.

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