Le Guide de l'épargne - Partie 4 / 4

Bien investir : les 10 règles d'or

Ce chapitre vient clôturer notre Guide l’épargne. Il présente ce que nous considérons comme les 10 règles clés à connaitre avant d’effectuer pour bien investir, que ce soit en bourse ou non. Apprenez les pièges à éviter et les actions à mettre en œuvre pour mieux investir !

Règle n°1 : "les performances passées ne préjugent pas des performances futures"

Selon les règles en vigueurs imposées en France par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), cette phrase devrait apparaitre sur la plupart des produits ou supports financiers dans lesquels vous vous préparer à investir. Par exemple, vous la trouverez sur les présentations et les Documents D’Information Clé (DICI) des différents fonds d’investissements actifs ou passifs.

Voici un exemple bien connu afin d’illustrer cette règle, celui du fonds star de H2O – H2O multi-stratégies. Ce fonds connu des contre-performances records entre février et mars 2020 en raison de stratégies d’investissements qui se révèleront désastreuses pendant la crise du covid-19. Tout s’est passé à l’inverse de ce qui était prévu par les gérants du fonds sur les 5 aspects suivants: positions courtes / vendeuses sur (1) les taux US, (2) les actions Growth vs Value et des positions longues / acheteuses sur (3) le USD $ vs €, (4) la dette italienne et (5) les actions Europes vs USA. La plupart des fonds et des indices connurent une chute d’environ 30% pendant cette période. Cependant ceux-ci regagnèrent ces pertes en 6 mois environ alors que H2O ne remonta jamais la pente.

Règle n°2 : conseillers vs vendeurs (source de l'information pour bien investir)

Prenez garde aux conseillers en patrimoine « gratuits ». Ceux-ci se rémunèrent au travers de commissions sur les produits que vous contractualiser par leur intermédiaire. Ils sont soumis à certaines réglementations (MiFid II, etc.) et ne peuvent pas proposer des investissements en contradiction avec votre profil d’investisseur. Malgré tout, ils vous pousseront des produits (immobilier PINEL, Assurance-vie, etc.) peu performants, ou leurs commissions sont importantes, et/ou des produits avec des frais bien plus élevés que ce que vous pouvez trouver en ligne.

Cela est différent d’un « vrai » Conseiller en Gestion de Patrimoine Indépendant (CGPI). Ce dernier est rémunéré à l’heure (à partir de 100 € / heure) et est 100% indépendant. Il vous proposera des produits correspondants exactement à vos besoins et les plus performants, sans avoir en arrière pensée les commissions qu’il pourrait toucher. En France, peu de personnes semblent encore prêtes à adopter ce modèle, c’est pourtant ce vers quoi tendent les nouvelles réglementations.

Même chose avec les « conseillers » des grandes banques de réseaux (Société Générale, LCL, etc.). Là encore, ceux-ci sont davantage des vendeurs qui vous ne conseillerons jamais de migrer sur Boursorama par exemple. Ils vous pousseront leurs assurance-vie maison avec des frais d’entrée de 3% (vs 0% en ligne) et des performances en deçà de ce que vous pouvez avoir sur Linxea par exemple.

C’est également le cas sur internet où certains avis peuvent être biaisés. Vous devrez donc tout le temps vous faire votre propre avis et effectuer une analyse et une comparaison minutieuse.

Règle n°3 : regardez attentivement les différents frais avant d'investir

Ce qui vous intéresse lors d’un investissement est le rendement net de frais. Il est donc important de regarder les différents frais qui s’appliquent (1) en fonction des différents classes d’actifs (type de produits) mais également (2) au sein d’une même classe d’actif.

Plus il y a d’acteurs et plus les différents types de frais s’additionnent. On peut citer les frais de souscription, frais de gestion, frais de transactions, frais de surperformance, et autres. Par exemple, les frais des produits de Private Equity (Crowfunding, FCPI, FIP, etc.) sont particulièrement élevés et les différences sont importantes en fonction des plateformes.

Nous allons prendre ici un exemple sur un produit de type fonds d’investissement pour vous montrer l’impact au long terme des frais de gestion :

Les deux fonds présentés sont proposés par le même gestionnaire d'actif Amundi :

  • Le premier fonds est un fonds passif. Cela signifie que le fonds réplique un indice (ou benchmark) boursier, dans notre cas le MSCI World. Cette indice est le plus utilisé pour représenter l’ensemble des bourses mondiales des pays développés. La gestion de ce type de fonds est 100% automatisé et les frais sont donc minimums (0,15%).
  • Le deuxième fonds est un fonds actif. Cela signifie que des gérants sont payés pour sélectionner les actions qui leurs semblent à plus fort potentiel. Il essaye ainsi de surperformer l’indice. Il faut bien entendu rémunérer ces gérants et analystes, et les frais de gestion sont élevés (2%).
Si certains diront que notre exemple illustratif est le fruit du hasard. Néanmoins, les études montrent qu’en moyenne, les fonds actifs n’arrivent pas à surperformer les fonds passifs et obtiennent les mêmes résultats. Ainsi, en prenant en compte les frais de gestion, les fonds passifs surperforment en moyenne les fonds actifs. Il y a bien sûr des exceptions. Par exemple le fonds actif de Warren Buffet surperforme de façon régulière son indice mais ce n’est pas la norme.

Règle n°4 : diversifiez vos investissements

Pourquoi est-il important de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier ? Il est facilement démontrable mathématiquement que la diversification fait baisser la volatilité d’un portefeuille, et donc le risque, tout en gardant le même rendement espéré. L’épargnant cherche en permanence le meilleur ratio rendement / risque (ratio de Sharpe). La diversification est donc un point essentiel d’une bonne stratégie patrimoniale :

  • Entre les classes d’actifs : nous recommandons si possible de couvrir un large spectre de classes d’actifs.
    • Une partie de votre patrimoine sera donc investi en produits de type actions / ETF
    • Une autre en produits de type crédits (obligations / fonds euros / P2P Lending / etc.)
    • Une troisième en immobilier papier (SCPI ou crownfunding) ou physique
    • Une dernière en private equity, une autre en investissements dits « exotiques » (crypto-monnaie, vins, etc.), etc.
  • Au sein d’une même classes d’actifs : le cas le plus classique est bien-sûr les actions. En cas d’investissement en direct, nous recommandons si possible d’investir dans une trentaine d’actions différentes, sur des secteurs / zones géographiques / taille de capitalisation variés si possible (dans la limite des contraintes du support, comme cela peut-être le cas avec un PEA). Les ETFs permettent une diversification moyennement des frais de gestion très acceptables. Cependant les autres classes d’actifs doivent aussi être diversifiés, en particulier le Private Equity (investissement dans des jeunes sociétés non cotées) / FCPI / FIP. En immobilier papier, diversifier dans 3 ou 4 SCPI. Voir nos exemples concrets de diversifications sur des allocations ETF en assurance vie.

Règle n°5 : assurez un suivi de vos produits (Excel)

Il est important de suivre de façon régulière ses différents investissements. Cela vous permettra d’analyser vos choix passées et d’améliorer votre prise de décision future.

Téléchargez notre fichier de suivi d’investissement & gestion de patrimoine, mis à disposition gratuitement par Graine d’investisseur.

Règle n°6 : analysez et comparez les rendements nets

regle6-analyse-rendements-nets
Il est nécessaire de comprendre et d’analyser les différents produits disponibles. Vous devez les comparer en regard de votre contexte personnel (objectifs, impôts, etc.) et selon votre profil d’investisseur (niveau de risque envisagé, etc.). Afin de gagner du temps, vous pouvez consulter la cartographie des produits, puis les différentes guides produits et enfin les comparatifs. Prenez le temps d’étudier la documentation fournie par les vendeurs, en particulier les frais et conditions, ne vous précipiter pas et faite marcher votre esprit critique! Il est important de comparer les rendements nets des produits entre eux. Ce sont les rendements auxquels on a retiré tous les frais (souscription, gestion, transaction, etc.) et taxes (impôts sur le revenu, impôts sociaux, etc.) divers et variés. Cela n’est pas toujours simple. Par exemple les frais de bourse sont les moins chères chez Degiro, mais celui-ci n’offre pas de PEA. En prenant en compte les impôts, il est ainsi préférable d’ouvrir un PEA chez BourseDirect. Vous devez donc poser les calculs afin d’obtenir le rendement final. Celui-ci peut être un rendement espéré ou garanti (plus rare). Vous pouvez utiliser le simulateur de rendement générique proposé par l’AMF ou un calculateur spécifique par produit. Ce dernier s’avère indispensable lors d’un achat immobilier par exemple.

Règle n°7 : le bon timing pour bien investir

Comme le montre le graphique ci-dessus, le timing d’entrée sur les classes d’actifs plus volatiles est important. Cela est vrai pour les actions mais également pour d’autres investissements comme l’immobilier.

Il y a ici plusieurs stratégies :

  1. Se fixer un seuil d’entrée sur un indice. Par exemple nous déciderons d’investir uniquement si le cac40 passe sous la bar des 5000 points. Cependant il est possible que le cac40 ne repasse jamais sous ce seuil (voir concept financier n°4 : personne ne peut prédire l’avenir)
  2. Essayer d’acheter lorsque l’indice est bas. Investir après une crise par exemple, comme celles de la bulle internet de l’an 2000, de la crise financière de 2008 ou de la crise du covid-19 en 2020. Cependant la vitesse des baisses et des remonter étant différente d’une crise sur l’autre. Comment s’avoir qu’on est arrivé au point le plus bas et que ça ne va pas encore baisser ? Si avant il était difficilement concevable d’acheter au milieu d’une crise, de plus en plus d’investisseurs particuliers ont compris ce phénomène. Il y a ainsi eu de nombreuses demandes d’ouvertures de compte-titre et PEA lors de la chute boursière de Mars 2020 dû au covid-19.
  3. Entrer progressivement. Par exemple si vous souhaitez investir 10 000 €, investissez 4 x 2 500 € tous les deux ou trois mois. Cela lissera votre investissement. Vous limiterez ainsi les possibilités de fortes baisses juste après avoir investi mais également les effets d’aubaines des fortes hausses.

En pratique, il est très difficile voir impossible de « timer » le marché. En effet le cac40 sera toujours considéré comme surévalué par certains, et sous-évalué par d’autres, donnant ainsi son prix actuel.

Règle n°8 : comprenez dans quoi vous investissez (et attention aux pièges et arnaques)

Vous devez prendre le temps de comprendre les dynamiques des éléments dans lesquels vous investissez. Faites des recherches sur internet, chercher explicitement des avis contraires (exemple : « pourquoi ne pas investir en Pinel »), et regarder les évolutions des prix sur la plus large période que vous pourrez trouver. Parler en également à vos amis qui ont des connaissances en la matière et demander l’avis de plusieurs conseillers (tout en gardant votre esprit critique).

Garder en tête que plus la rentabilité attendue d’un investissement est élevé, plus cela signifie que le risque l’est également. Un investissement avec un rendement de plus de 8% par an en € présenté comme « sûr » ou « garanti » à donc de très forte chance d’être une arnaque. L’AMF estime à environ 500 millions d’euros par an le coût des arnaques de toutes sortes aux français. Ainsi faite attention, cela n’arrive pas qu’aux autres.

Par dessus tout, fuyez les Pyramides de Ponzi et autres scams du type « gagner 5 000 € / mois depuis votre canapée avec mon ebook ». La casi totalité des formations trading, les investissements binaire, le diamant papier, investissement bovin, sont également des arnaques.

Règle n°9 : avec les taux bas, l'endettement a souvent du bon!

Si vous pouvez obtenir un prêt à 1% et investir avec un rendement net fiable de 5%, alors faite le ! Dans la pratique, ceci est presque tout le temps interdit par les banques. Vous pouvez cependant appliquer ce raisonnement logique pour débloquer plus de fond ou effectuer des remboursements anticipés sur un prêt en cours. Attention toutefois de ne pas vous mettre en difficulté, par exemple en achetant à crédit un actif qui va ensuite se déprécier. Cela entrainerait un effet de levier inversé, et ce serait la pire des choses à faire pour vous et votre épargne (interdit bancaire, etc.).

Règle n°10 : la vision et la connaissance, la clé de l'investisseur éclairé

Finalement un bon investissement est l’affaire d’une bonne analyse et d’une bonne vision (+ une petite part de chance). Pensez-vous que le télétravail prendra de plus en plus de place et que le prix de l’immobilier Parisien va décroitre ? Ou au contraire que la reprise économique sera forte avec des afflux touristique records et que les prix vont monter ? L’investissement permet de « donner son avis » sur le monde de demain. Comme beaucoup de chose, vous apprendrez de vos erreurs et vous vous améliorerez au cours du temps. Si possible, commencer donc par des petits investissements simples. Allez ensuite progressivement vers des montants plus importants et/ou des produits plus complexes. Pour finir, voici quelques recommandations de lecture :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *